Jour 8 - 23/09/2004
La nuit fut paisible, j'ai, de justesse, vu les chutes au coucher du soleil hier soir. Vu de la Zambie, c'est bien plus spectaculaire que vu du Zimbabwe. De plus, les tarifs hôtel sont plus démocratiques (exception faite pour le mien), et il n'y a pas d'entrée à payer pour le parc des chutes, vu qu'on est en plein dedans. Ceci au contraire du coté zimbabwéen.
Je me trouve sur la terrasse de ma chambre, avec vue sur la rivière et les éléphants qui viennent y boire et se baigner. Des singes voleurs viennent me visiter de temps en temps. De temps à autre également, les bâillements des hippopotames interrompent le bruit du carrousel des hélicos à touristes, qui payent une fortune pour un tour des chutes, vue des airs. Il est vrai que c'est spectaculaire.
Je l'ai fait ce matin, avec mon avion. Malheureusement, depuis la Zambie, l'altitude minimum de survol est de 6000 pieds, soit 3000 pieds au-dessus du sol. Du Zimbabwe, l'altitude de survol est de 1500 pds sol, donc, 1500 pieds en dessous de moi. La vue est imprenable, le Zambèze majestueux en Zambie, passe une faille géologique, pour se jeter dans le Zimbabwe, après une chute de quelques centaines de mètres, sur 1 km de large. Cela reste surprenant, même la deuxième fois. Je l'ai vu, mais de l'autre coté, il y a 10 ans.
Au Zimbabwe, la force du courant et le changement de la nature du sol ont créé un large et profond canyon sinueux, aux multiples rapides, dont les touristes (j'en ai été) sont friands. Comme déjà décrit, l'hôtel se situe dans la classe super luxe. Et cela se ressent surtout dans le service. Déjà, en descendant du taxi, les bagages disparaissent. Puis, comme d'habitude, je me dirige vers le comptoir du check-in. Mais non, une jeune fille me prend en charge et me mène au salon. C'est le check-in ultra individuel personnalisé, je n'ai même rien à remplir. Puis, on me conduit (en golfcart) à ma chambre, où je reçois la carte de visite de mon butler personnel. A table, la moindre mouche sur un verre ou tasse suffit à changer les couverts. A tout endroit, on est à votre service, toujours avec le sourire et sans vous importuner. C'est du rarement vécu.
Je suis déjà beaucoup plus au nord et à l'est, le lever et couché du soleil deviennent vraiment africain: de 6.00 à 18.00h. Aussi, je sens que le moment est venu de porter mes galons, ceux qui améliorent nettement les relations avec les instances officielles dans les aéroports. Jusqu'a présent, je n'en ai absolument pas eu besoin, bien au contraire.
Cela fait probablement partie des grands avantages de voyager seul. A chaque fois, mon projet a engendré un mouvement de sympathie. Le fait que j'adore l'Afrique et les africains y fait beaucoup, c'est sûr.
Pour l'instant, je n'ai pas encore ressenti la solitude, j'ai bien trop à faire et la famille n'est éloignée que d'une ligne satellite. Toutes les semaines, Radio 2 Vlaams Brabant me téléphone pour une interview, qui passe le vendredi matin à 7h45. Parfois en direct, parfois en différé. Aussi, seul, l'approvisionnement en carburant, le passage d'immigration, les douanes, le briefing, tout va nettement plus vite. Les jours passés m'ont aussi donné la preuve à tout point de vue, que seul, tout est beaucoup plus facile. Une preuve parmi d'autres est d'avoir réussi à trouver une chambre dans Maun archi-complet. Pas aussi évident avec une bande de 11 pilotes. De même, trouver de l'essence quand il n'y en à pas, c'est beaucoup plus rapide avec 1 avion qu'avec 5.
Ce que je ressens le plus maintenant, c'est la grande satisfaction de réaliser et de vivre un grand rêve. J'en profite pour remercier chaleureusement ma tendre épouse de me permettre de le faire. Chacun devrait dans sa vie avoir l'occasion de réaliser cela. Cela m'a demandé un an de préparation et beaucoup de stress durant les dernières semaines qui ont précédé le départ, mais c'est tout oublié, je profite à fond. L'Afrique me gagne, plus je m'y enfonce, plus je l'adore, plus je m'adapte. Décidément, je suis fait pour ce continent. Demain, une longue nav pour rallier Balantyre, où je dépose les médicaments. 700 nautiques à parcourir, en passant par Lusaka. Cela commence à devenir sérieux.
Jour 9 – 24/09/2004
Les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Ce matin, levé tôt pour essayer de compenser mon goût du luxe et de rattraper mon retard d’un jour, en faisant 2 navigations en une journée. Ce sera donc 250 nautiques pour atteindre Lusaka, puis 475 (aïe!) pour atteindre Blantyre au Malawi.
Hier soir, dernière balade vers les chutes, pour profiter à fond du coucher de soleil. Je sors d'une petite sieste et n'en crois pas mes yeux en voyant un troupeau de zèbres, faisant office de tondeuses, occupés à brouter l'herbe du jardin de l'hôtel. Ils ne s'inquiètent nullement de ma présence ; en fait, c'est à peine s'ils me laissent passer sur le sentier. Je croyais avoir tout vu, eh bien non : 100 m plus loin, un autre troupeau d'une envergure un tantinet différente s'en donnent à coeur joie en détruisant les arbres au bord de la rivière. Tout cela à portée de main, mais quand même séparé du public par une barrière, pas si solide que cela néanmoins. Jamais je n'ai eu l'occasion de m'approcher si près d'éléphants. Et le mâle est de taille!!
Il est prévu que je décolle à 6h30, pour espérer arriver à bout de cette nav. Première embûche, mes cartes de crédit ne sont plus acceptées. Fameux trou dans mon budget cash. Puis, le chauffeur de taxi est en retard: retenu par les éléphants bloquant la route. Eh oui, c'est l'Afrique! Malgré tout, j'arrive quand même à 6h40 à l'aérodrome, que je trouve fermé, piste inaccessible. Incroyable! Il n'ouvre qu'a 7h00. Ce que je trouve grave dans l'histoire, c'est qu’hier, j'ai pris la peine de tout faire (plan de vol, plein, taxes), qu'à chaque fois mon départ de 6h30 à été annoncé, et que personne (même pas la patronne de l'aérodrome) n'a pensé à me dire que cela serait impossible. Bon, 20 minutes, ce n’est pas la mer à boire, surtout en Afrique. J'arrête de faire « mon sale européen », et discute le coup avec les militaires qui gardent la piste (mais n'ont hélas pas les clefs). Je décolle à 7h15, l'ouverture était précise. A ma droite, le manège des touristes en Tiger Moth (et pas Sopwith) a déjà débuté. Dommage, j'aurais bien fait une petit 1000 pieds sol sur les chutes, moi...
Mais bon, je dois penser à ma moyenne et c'est 2h15 plus tard que j'atterris à Lusaka. Le vol fut paisible, le paysage relativement monotone : de la savane, il n’y a que de la savane. Par contre, la radio à l'approche et à la tour mérite un interprète : les "say again" fusent de partout. Je ne suis pas le seul à ne rien -mais alors absolument rien- comprendre à ce qu'ils disent. Bonjour la sécurité, et du trafic, il y en a!
Je passe les formalités d'usage, remonte dans mon avion, fait 2 kilomètres de taxi pour rejoindre la station d'essence. Plein fait, je demande le roulage pour mon vol vers Blantyre. La tour me rappelle à l'ordre car je n'ai pas remplis le GD (general déclaration form), document à remplir pour la douane, pour chaque passage de frontière avec un avion. M....e! Cette fois, c'est bien de ma faute. Bon, enfin, en vol, je fais route pour le Mozambique! En effet, au remplissage du plan de vol, un pilote m'a conseillé de traverser ce pays, plutôt que de le contourner comme je pensais le faire. Résultat : 378 nautiques, au lieu de 475! Youppie! Il faudra changer la carte de trajet sur le site. Prêt à décoller, je ne fais plus aucune confiance ni au type du contrôle ni à mes capacités de le comprendre. Heureusement, en jouant au terrain autocontrôlé, j'évite l'accident de justesse. Une soi-disant « clearance » pour m'aligner me fait avancer quelques mètres, je regarde à droite, et vois débouler pleins phares un bimoteur en courte finale. Gros silence à la radio, bien sûr.
Le Mozambique vu du ciel, avec son grand lac au plein milieu, est très beau, sauvage, spectaculaire, accidenté .Comme on aime. Seul hic : il y a tellement de feux de bois, que la fumée s'ajoute à la petite brume de chaleur, et, sans obstruer totalement la visibilité, empêche quand même des prises de vues dignes de ce nom. Dommage, très dommage. Cela valait vraiment le coup. La traversée du pays se fait sans couverture radio. Mes essais répétés ne donnent pas réponse. J'arrive au point Miros, frontière avec le Malawi, et juste en face de Blantyre. Je suis à 50 nautiques et essaye de les contacter. Miracle, c'est clair, net et compréhensible et on me répond immédiatement. Une grande première en Afrique de pouvoir les contacter de si loin. De plus, l'anglais est parfait. Je le complimente, il a l'air content de lui. La traversée de la frontière vaut le coup également : de belles formations de rochers, usés par les temps, et d'un aspect typiquement arrondi, connu pour la région. J'espère que la visibilité sera meilleure demain. Atterrissage en direct sur la 10 (une constante depuis Maun), et voilà l'équipe d'accueil de MSF qui m'attend. Je suis hébergé dans la maison de médecins péruviens. Demain, journée dans la clinique MSF, et participation à une petite fête pour les enfants atteints du sida. Alex, fatigué.
Jour 10 – 25/09/2004
Les médecins péruviens sont en fait un médecin belge (maladies tropicales), avec son épouse péruvienne, elle, néphrologue (maladies de reins) de formation. A peine installé dans la maisonnette adjacente à la leur, plusieurs médecins de MSF viennent prendre de mes nouvelles. On m'attendait.
Bien reposé, aujourd'hui, je participe à une petite fête organisée pour les petits (4-12 ans environ) patients atteints du sida. C'est un rituel régulier, qui leur donne un peu de joie de vivre, bien sûr, mais permet aussi de mettre en contact ces enfants qui sont dispersés dans le district (car stabilisés, ils peuvent rentrer chez eux), pour qu'ils s'échangent un peu leurs impressions et se soutiennent dans la motivation de continuer à prendre leur médication.
Direction aéroport donc, pour faire un petit vol vers la piste (Satemwa) d'un planteur de thé, accompagné de la fille aînée de Roger Teck, le médecin chez qui je suis logé. Le vol sans encombre nous amène au-dessus de champs de thé, d'un vert intense. Entre les champs restent des lopins de forêt vierge originale. La piste dans la colline est en pente, et mes maigres expériences d'atterrissage sur alti-surface sont précieuses. Je parviens à poser ma machine sur la piste, avec 25 KNT de vent arrière. Pff!
Arrivé au parking, c'est la première émotion forte de la journée. Pour faire une surprise aux enfants, les organisateurs les avaient amenés à la piste, sans leur dire plus. Il faut savoir que ces enfants n'ont jamais vu d'avion de près de leur vie. C'est dans une mer de petites têtes noires aux yeux étonnés que je descends du cockpit. Tout de suite, chants et danses me souhaitent la bienvenue. C'est très émouvant.
Tous dans les jeeps de MSF et on roule vers le terrain de foot local. C'est là qu'a lieu la fête, égaillée par un groupe local, qui s'en donne à coeur joie dans les rythmes africains, entraînant tout le monde sur la piste de danse. Les petits se fatiguent encore rapidement et la fête se termine par la distribution d'un sac de graines de soja (à planter) pour chaque famille des petits. C'est la façon de MSF d'améliorer la nutrition des familles, tout en les stimulant de s'occuper d'eux-mêmes.
Ensuite, Roger m'emmène visiter "son" hôpital. Il est en effet chef de la section MSF Luxembourg Malawi, et en tant que tel responsable pour la réorganisation complète de cet hôpital et la mise au point de toute la logistique qui entoure le dépistage et le traitement du SIDA. Pendant la visite, je suis confronté de plein fouet à la triste réalité africaine et Roger me bombarde de chiffres ahurissants. Pour ne donner qu’un seul exemple : sur les 1000 patients qui se présentent chaque mois pour la détection du Sida, 1/3 est positif!! Suit l'explication quant à la manière dont ces personnes sont prises en charge, l'organisation judicieuse du suivi local des patients et l'extension du dépistage jusque dans les villages. De plus, à intervalles réguliers il y a des manifestations informatives, avec concerts et pièces de théâtre, dont les habitants sont très friands. Ce qui est important, c'est qu'ils y viennent en masse et que le message est passé.
Deux sentiments subsistent après la visite : le boulot est gigantesque et paraît sans fin; l'organisation MSF, sous l'impulsion de Roger, fait un boulot formidable et a réussi à mettre sur pied un système qui fonctionne, en tenant compte des Africains. Bien sûr, ils ne traitent pas que le sida. Toutes les maladies, avec en premier lieu la malaria, le choléra en saison et toutes les maladies opportunistes qui accompagnent le sida (tel le TBC).
Au retour de l'hôpital, nous passons chez le planteur, fanatique d'aviation, pour prendre un verre. La plantation qui existe déjà depuis plusieurs générations, est toujours restée dans la famille (le propriétaire actuel,"Chip" Mac Kay, serait un lointain parent de Livingstone). Le domaine dans lequel ils habitent est époustouflant. Un gigantesque parc l'entoure, quelques arbres tropicaux y sont préservés. Nous tombons en plein dans une fête d'anniversaire (celui de Chip), je suis assailli de tous les cotés car la nouvelle de mon épopée s’est répandue à toute vitesse. Le verre devient un lunch et Chip me raconte ses aventures Africaines du temps où il y volait avec son Tiger Moth. Un personnage fascinant, plein de vie, malgré ses 70 ans.
Je rejoins Chileka, la piste de Blantyre, cette fois accompagné de Roger, dans la brume épaisse créée par les feux de forêts nombreux. Le soir, dîner aux chandelles dans un resto local, entre médecins. Je vous laisse deviner de quoi on a parlé. Demain, mon premier grand lac de la série, le lac Malawi, jusque Karonga.
Jour 11 - 26/09/2004
Un lever matinal succède à une nuit trop courte. C'est à 5h30 qu'on se met en route vers l'aérodrome. Une fois le plan de vol rempli, l'agent du briefing appelle Karonga, ouf la piste est ouverte, le commandant veut me parler. Je ne dois quasi rien expliquer, il a été briefé. Il va même organiser l'essence. Il n'y a pas d'avgas à Karonga, ce sera donc de la 95 sp, de chez BP.
Envol à 7h15, visi de 7km. Très vite je rejoins le lac, qui tout compte fait n'est pas le premier. En effet en traversant le Mozambique, j'en ai survolé un de taille. Le Zambèze y a rempli une immense dépression, le Réservoir Cabora Bassa.
Donc, lac n° 2, le lac Malawi , aussi appelé Lake Nyasa. Survolé 1500 pds, dès que relâché par Cileka info, je savoure pleinement le bleu intense des eaux, et la beauté des plages de sable fin qui les borde. Au sud, c'est essentiellement plat, à hauteur de Lilongwé, le relief s'emmêle créant de magnifiques criques.
C'est un vol très paisible, je profite pleinement de la vue, mon pilote automatique travaille. C'est 350 nautiques sans contact radio, si ce n'est l'arrivée à Karonga, où le commandant de piste m'accueille avec son portable.
Karonga est le dernier aérodrome douanier avant la Tanzanie. Mon plan de vol pour demain est déjà rempli et envoyé, les douaniers seront présents. Demain matin m'attendra un fût de 50 l. de 95sp. J'ai aussi une chambre d'hôtel, au bord du Malawi, et un transport pour m'y amener. Le service du commandant est vraiment parfait! L'hôtel, très local ne l’est pas tant que cela. Mais, on ne peut hélas espérer mieux dans la région. Ce sera donc suffisant pour me reposer pour la nav de demain, 400 nautiques le long du Tanganyka. J'espère juste qu'il ne pleuvra pas à Kigoma, une piste en terre battue. Et il n'y a pas beaucoup d'alternatives....
Jour 12 - 27/09/2004
"J'ai bien mangé, j'ai bien bu, j'ai la p....."Stop, stop stop! Ce n'est pas tout à fait vrai, en effet, je suis arrivé en Tanzanie. Qu'est ce que cela a à voir? Eh bien, la Tanzanie est musulmane à 90%, et comme vous le savez, Islam et alcool ne font pas bon ménage. Cela n'explique pas encore tout. L'Etat gère aussi plusieurs hôtels et lodges, dont celui dans lequel je me trouve, le Hilltop View à Kigoma, juste en face du Ruanda, le long du Tanganyika. Et dans ces hôtels, rien à faire, pas une goutte d'alcool. Seule exception, les hôtels ou lodges gérés par la chaîne sud africaine ou japonaise.
Hier soir, il y avait de l'ambiance dans le resto de l'hôtel : un championnat de foot africain était diffusé à la télé et la salle était pleine. Chaque bonne action créait un brouhaha pas possible, et un but, dans la bonne direction donnait lieu à une danse effrénée sur les tables. Le spectacle valait le coup, mais faisait beaucoup de bruit. Malgré cela, je me suis endormi comme un loir… Cela fatigue, les longues navs.
A 7h30, j’étais à l'aérodrome, l'essence Petrol Premium 95 sp était bien là. Pour avoir de l'avgas, il faut faire transporter un fût de Lilongwe, la capitale. C'est très faisable, mais bon, comme je n'en ai pas besoin... Les agents d'immigration sont là aussi, le cachet convoité est apposé sur mon passeport et le fameux "general declaration" dûment rempli. Ce document sert de preuve que l'avion rentré, est bien sorti du pays.
Visi 7 km, cela promet pour les photos et films.... Grrrr... C'est en effet sous des conditions bretonnes (plafond bas et brume mais chaud) que je découvre le Tanganyika, deuxième réserve d'eau douce au monde (après le Baikal, en Russie). C'est beaucoup plus sauvage que le lac Malawi, les chaînes de montagnes se succèdent. Il s'agit aussi de ne pas se laisser enfermer sur le lac par les nuages qui accrochent les sommets. Les pistes où l’on peut se poser se trouvent en effet à l'intérieur du pays. Ma carte ONC me laisse honteusement tomber, je n'ai aucune information quant à ce que je survole.
Je vole maintenant pendant une heure, en donnant ma position à Dar el Salaam info sur 119.3, toutes les 30 minutes. Tiens, pourquoi cette loupiote orange? C'est le voyant de la batterie qui s'allume. Charge trop faible. Je vérifie sur mon Garmin, et en effet, il n'y a plus que 11 V! Aie ! La radio fonctionne encore, en fait, tout fonctionne. Je coupe les flashes, le pilote automatique, le transpondeur n'a pas encore été utilisé. Périodiquement, je vérifie le voltage, qui oscille entre 11.6 et 12.3. La loupiote s'éteint, puis se rallume. Ce petit jeu dure une heure, puis, le voltage se rétabli aux 13 v normaux. Que se passe-t-il donc? Plus de problèmes pour le restant de la nav, je rallume tout, la météo impose que je sois visible!
Je vois mes premiers cumulus de ma trans-Afrique, et par la même occasion, le premiers Cumulo Nimbus en pleine expansion. Welcome to Nimbo country ! En effet, dorénavant, je devrai systématiquement en tenir compte. Fini les navs cool, sans devoir s'inquiéter de la météo…
La piste de Kigoma ne se trouve heureusement pas en dessous d'un gros cunimb mais c'est tout juste. Cela se ressent aux rafales pendant la finale. La piste est en terre battue et me fait penser à la première bande de nos autoroutes belges. De gros sillons, provoqués par les C130 des NU transportant des vivres pour les camps de réfugiés, font danser mon MCR de gauche à droite, ne trouvant pas les rails à la taille de son train d'atterrissage. Heureusement, cela ne dure pas longtemps et je me gare sur le parking, ou l’"Apron" en terme d’aviation. Quelques minutes plus tard, un gros porteur blanc vient se garer juste en face. Cela fait un effet très comique de voir mon moustique en face de ce monstre, la seule ressemblance est la couleur. Le taximan me dépose à l'hôtel, mon premier taxi en Afrique. Il repart, avec la mission de revenir demain avec deux jerrycans d'essence vides. On les remplira à la pompe demain matin. De quoi avoir le coeur léger pour rallier Mwanza et Arusha demain. Au programme de demain : les lacs Victoria , Natron et Magadi, ainsi que le cratère Ngorongoro. Bonne nuit, Alex
Jour 13 - Pris au piège!
Comme toujours, je me lève aux aurores. Il fait déjà assez clair pour voir que la météo n'est pas très clémente. En effet, dans la région du Tangayika et du lac Victoria, c'est la saison des pluies. Rien de bien grave : un orage par-ci par-là, de quoi bien nettoyer le ciel. Seulement, ce matin, l'orage a décidé d'éclater au-dessus de Kigoma. Le trajet en taxi, en pleine bourrasque, est très spectaculaire. J'ai une petite pointe d'inquiétude pour mon avion, mais il est bien arrimé, et l'expérience de Sossusvlei m'a confirmé sa stabilité.
Il pleut à grosses gouttes et il continuera à pleuvoir... toute la matinée. Le but est d'atteindre Arusha aujourd'hui mais cela craint fort. Je tue le temps en discutant le coup avec les contrôleurs, qui ne croule pas sous le boulot. Le C130 des NU part pour Kigali, chargé de vivres pour les réfugiés. Je scrute l'horizon, les montagnes qui entourent le lac empêchent tout dégagement. Je l'avais ressenti : ce lac est un piège quand il fait mauvais.
Au fait, je ne vous avais pas encore mentionné que Kigoma est une ville historique: c'est en effet ici que Stanley retrouva Livingston et prononça la célèbre phrase : "Dr Linvingstone, I presume?" Celui-ci s'était en effet un tantinet perdu à la recherche des sources du Nil. Je crois aussi me souvenir que notre Léopold II lui avait demandé de voir à quoi ressemblait notre Congo. Il faudra que je vérifie cela... Il est vrai que Livingstone a laissé une grande empreinte en Afrique : partout on en parle, et partout il a donné le nom de sa reine ou son roi aux faits géologiques les plus marquants (Victoria falls, lake Victoria, lake Albert, etc....)
Le C130 est revenu, je visite le poste. Enorme cockpit, qui peut aisément accueillir 6 personnes, en plus du personnel navigant. Les pilotes sont d'anciens pilotes de ligne, qui prolongent ainsi leur carrière.
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